Читаем L’écume des jours полностью

nuage lourd qui planait au-dessus des débris. Partre s’était arrêté et riait de bon cœur en se tapant sur les cuisses, heureux de voir tant de gens engagés dans cette aventure. Il avala une grande goulée de poussière et se mit à tousser comme un fou.

Chick, fébrile, tournait des boutons sur son enregistreur. Il produisit une grosse lueur verte qui s’enfuit au ras du sol et disparut dans une fente du parquet. Une seconde, puis une troisième suivirent, et il coupa le courant juste au moment où une sale bête, pleine de pattes, allait sortir du moteur.

– Qu’est-ce que je fais? dit-il. Il est bloqué. C’est la poussière dans le micro.

Le pandémonium dans la salle était à son comble. Partre, maintenant, buvait à même la carafe et se préparait à s’en aller car il venait de lire sa dernière feuille. Chick se décida.

– Je vais lui offrir de sortir par là, dit-il. Filez devant, je vous rejoins.

XXIX

En passant dans le couloir, Nicolas s’arrêta. Les soleils entraient décidément mal. Les carreaux de céramique jaune paraissaient ternis et voilés d’une légère brume, et les rayons, au lieu de rebondir en gouttelettes métalliques, s’écrasaient sur le soi pour s’étaler en flaques minces et paresseuses. Les murs, pommelés de soleil, ne brillaient plus uniformément, comme avant.

Les souris ne paraissaient p as spécialement gênées par ce changement, sauf la grise à moustaches noires dont l’air profondément ennuyé frappait dès l’abord. Nicolas supposa qu’elle regrettait l’arrêt inopiné du voyage et les relations qu’elle avait pu se faire en route.

– Tu n’es pas contente? demanda-t-il.

La souris eut un geste de dégoût et montra les murs.

– Oui, dit Nicolas. C’est pas ça. Avant, ça allait mieux. Je ne sais pas ce qu’il y a…

La souris parut réfléchir un instant, puis hocha la tête et ouvrit les bras d’un air incompréhensif.

– Moi non plus, dit Nicolas, je ne comprends pas. Même quand on frotte, ça ne change rien. C’est probablement l’atmosphère qui devient corrosive…

Il s’arrêta, pensif, et hocha la tête à son tour, puis reprit sa route. La souris se croisa les bras et se mit à mâchonner d’un air absent, puis recracha précipitamment en sentant le goût du chewing-gum pour chats. Le marchand s’était trompé.

Dans la salle à manger, Chloé déjeunait avec Colin.

– Alors? demanda Nicolas. Ça va mieux?

– Tiens, dit Colin, tu te décides à parler comme tout le monde?

– Je n’ai pas mes souliers, expliqua Nicolas.

– Ça ne va p as mal, dit Chloé. Elle avait les yeux brillants et le teint vif, et l’air heureux de se retrouver à la maison.

– Elle a mangé la moitié de la tarte au poulet, dit Colin.

– Ça me fait plaisir, dit Nicolas. Celle-là n’était pas de Gouffé.

– Qu’est-ce que tu veux faire, aujourd’hui, Chloé? demanda Colin,

– Oui, dit Nicolas, est-ce qu’on déjeune tôt ou tard?

– J’aimerais sortir avec vous deux et Isis et Chick et Alise, et aller à la patinoire et dans les magasins et dans une surprise-partie, dit Chloé, et m’acheter une bague verte à système.

– Bon, dit Nicolas, alors je vais me mettre tout de suite à ma cuisine.

– Fais la cuisine en civil, Nicolas, dit Chloé, c’est tellement moins fatigant pour nous. Et puis, tu seras prêt tout de suite.

– Je vais passer prendre de l’argent dans mon coffre à doublezons; dit Colin, et toi, Chloé, téléphone aux amis. On va faire une belle sortie.

– Je téléphone, dit Chloé.

Elle se leva et courut au téléphone. Elle décrocha le récepteur et imita le cri du chat-huant pour avertir qu’elle voulait parler à Chick.

Nicolas débarrassa la table en appuyant sur un petit levier et la vaisselle sale s’achemina vers l’évier par un gros tube pneumatique qui se dissimulait sous le tapis. Il quitta la pièce et regagna le couloir.

La souris, debout sur les pattes de derrière, grattait avec ses mains un des carreaux terni. Là où elle avait gratté, ça brillait de nouveau.

– Eh bien! dit Nicolas. Tu y arrives!!… C’est remarquable!

La souris s’arrêta, haletante, et montra à Nicolas le bout de ses mains écorchées et sanglantes.

– Oh! dit Nicolas. Tu t’es fait mal!… Viens, laisse ça. Après tout, il y a encore ici beaucoup de soleil. Viens, je vais te panser…

Il la mit dans sa poche de poitrine et elle laissait pendre au-dehors ses pauvres pattes abîmées, essoufflée, les yeux mi-clos.

Colin tournait les boutons de son coffre à doublezons avec une grande rapidité et fredonnait. Il n’était plus tenaillé par l’inquiétude de ces derniers jours et se sentait le cœur en forme d’orange. Le coffre était de marbre blanc incrusté d’ivoire, et les boutons d’améthyste vert-noir. Le niveau indiquait soixante mille doublezons.

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