Mes amis, sous l'inspiration du Seigneur, il est juste que nous nous confessions les uns aux autres. Mes mains rendues calleuses par le travail, mes efforts pour bien apprendre les vertus de la foi dont vous êtes un exemple à mes yeux, doivent certifier de mon renouvellement spirituel. Je suis Saûl de Tarse, l'odieux persécuteur, transformé en serviteur pénitent. Si j'ai commis beaucoup d'erreurs et aujourd'hui je suis dans un grand besoin. Dans sa miséricorde, Jésus a déchiré la misérable tunique de mes illusions. Les souffrances régénératrices sont arrivées à mon cœur, le lavant de pénibles larmes. J'ai perdu tout ce qui signifiait honneurs et valeurs du monde pour prendre la croix libératrice et suivre le Maître sur la voie de la rédemption spirituelle. Il est vrai que je n'ai pas encore pu embrasser la poutre des luttes constructives et sanctifiantes, mais je persévère dans mon effort de me nier à moi- même, en méprisant mon passé d'iniquités pour mériter la croix de mon ascèse pour Dieu.
Aquiles et sa femme le regardaient atterrés.
Ne doutez pas de mes paroles - a-t-il continué les yeux humides. - J'assume la responsabilité de mes tristes actes. Pardonnez-moi, néanmoins, en tenant compte de mon ignorance criminelle !...
Le tisserand et sa femme comprirent que les larmes étouffaient sa voix. Comme gêné par une singulière émotion, Saûl se mit
Serrant fortement son ami qui cherchait à sécher ses larmes, il se rappelait que dans Damas, après la grande vision du Messie, il gardait encore peut-être au fond de lui l'orgueil de savoir enseigner, son amour pour la chaise de maître en Israël, sa tendance despotique à obliger son prochain à penser comme lui ; alors que maintenant il pouvait examiner son passé coupable et sentir la joie de la réconciliation en s'adressant avec humilité à sa victime. À cet instant, il eut l'impression qu'Aquiles représentait la communauté de tous ceux qui avaient été offensés par ses désobéissances cruelles. Une douce sérénité remplissait son cœur. Il se sentait plus loin de l'orgueil, de l'égoïsme, des idées amères, des remords terribles. Chaque larme était un peu de fiel qu'il expulsait de son âme, rénovant ses sensations de tranquillité et de soulagement.
Frère Saûl - a dit le tisserand sans cacher sa joie -, réjouissons-nous au nom du Seigneur car en tant que frères, nous étions séparés et maintenant nous sommes à nouveau unis. Ne parlons pas du passé, commentons plutôt le pouvoir de Jésus qui nous transforme par son amour.
Prisca, qui pleurait aussi, est intervenue avec tendresse :
Si Jérusalem connaissait cette victoire du Maître, elle rendrait grâce à Dieu !...