L'un des bandits, très intéressé, a examiné le rouleau d'annotations de Lévi.
Celui qui trouvera ce trésor - continuait Paul, résolu -, ne sera plus jamais dans le
besoin.
Les voleurs gardèrent l'Évangile soigneusement.
Remerciez Dieu que nous ne vous ayons pas retiré la vie - a dit l'un d'eux.
Et éteignant la torche vacillante, ils ont disparu dans l'obscurité de la nuit. Quand ils se sont retrouvés seuls, Barnabe n'a pas réussi à dissimuler son étonnement.
Et maintenant ? - a-t-il demandé d'une voix tremblante.
La mission continue bien - a commenté Paul avec bonne humeur -, nous ne comptions pas sur l'excellente occasion de transmettre la Bonne Nouvelle aux voleurs.
Le disciple de Pierre resta admiratif face à une telle sérénité et reprit :
Mais, ils nous ont aussi pris les dernières galettes d'orge, ainsi que les couvertures...
Il y aura toujours quelques fruits en route - lui fit Paul, déterminé - quant aux couvertures, n'y faisons pas trop attention, car la mousse des arbres ne manquera pas.
Et, désireux de tranquilliser son compagnon, il a ajouté :
De fait, nous n'avons plus d'argent, mais je pense que ce ne sera pas difficile de trouver du travail avec les tapissiers d'Antioche de Pisidie. En outre, la région est très éloignée des grands centres et je peux apporter certaines nouveautés aux collègues de métier. Ces circonstances sont avantageuses pour nous.
Après avoir tissé de nouveaux espoirs, ils ont dormi sous la rosée en rêvant aux joies du Royaume de Dieu.
Le lendemain, Barnabe continuait inquiet. Interpellé par son compagnon, il reconnut d'un air affecté :
Je suis résigné par le manque absolu de recours matériels, mais je ne peux oublier que nous avons aussi perdu les annotations évangéliques que nous possédions. Comment reprendre notre tâche ? Si nous savons par cœur une grande partie des enseignements, nous ne pourrons conférer toutes les expressions...
Tu te trompes, Barnabe - a-t-il dit avec un sourire optimiste -, j'ai ici l'Évangile qui me rappelle la bonté de Gamaliel. C'est un cadeau de Simon Pierre à mon vieux mentor qui, à son tour, me l'a donné peu de temps avant de mourir.
Le missionnaire de Chypre a serré dans ses mains le trésor du Christ. La joie a illuminé à nouveau son cœur. Ils pouvaient dispenser tout le confort du monde, mais la parole de Jésus était indispensable. Triomphant des obstacles de toute sorte, ils sont arrivés à Antioche très affaiblis. Paul principalement, à certains moments de la nuit, il se sentait fatigué et fiévreux. Barnabe avait de fréquents accès de toux. Le premier contact avec la nature hostile avait causé aux deux messagers de l'Évangile de forts déséquilibres organiques.
Malgré sa santé précaire, le tisserand de Tarse chercha à s'informer, dès la matinée de leur arrivée, des ateliers d'artisans en cuir existants en ville.
Antioche de Pisidie comptait un grand nombre d'Israélites. Son mouvement commercial était plus que régulier, les rues exhibaient des magasins bien garnis et de petites industries variées.
Confiant en la providence divine, ils ont loué une chambre très simple, et tandis que Barnabe se reposait de sa fatigue extrême, Paul est allé voir l'un des ateliers indiqués par un commerçant de fruits.
Un Juif à l'aspect bienveillant, entouré de trois assistants, au beau milieu de nombreuses étagères avec des sandales, des tapis et bien d'autres produits de sa profession, dirigeait une grande boutique. Ayant été informé de son nom, compte tenu de sa recherche auprès du commerçant en question, l'ex-docteur de Jérusalem a demandé à voir Monsieur Ibrahim, alors qu'il était reçu avec une grande curiosité.
L'ami - a expliqué Paul, sans détours -, je suis un collègue de métier et j'ai des besoins urgents, je viens vous demander l'immense faveur de m'admettre dans le cadre des activités de votre commerce. Je dois faire un long voyage et, je ne possède plus rien, aussi je fais appel à votre générosité, et j'espère recevoir un accueil favorable.
Le tapissier le dévisagea avec sympathie, mais un peu méfiant. Il était étonné mais en même temps il appréciait sa franchise et son aisance. Après avoir un peu réfléchi, il répondit vaguement quelque chose :
Notre travail est très insuffisant et, pour être sincère, je ne dispose pas d'un capital suffisant pour rémunérer beaucoup d'employés. Tout le monde n'achète pas des sandales ; les équipements de troupe restent en attente des caravanes qui ne passent que de temps ni temps ; nous vendons peu de tapis, et sans les bâches ni cuir pour la confection de tentes improvisées, je suppose que nous ne serions pas en mesure de garder notre affaire. Comme vous voyez, ce ne sera pas facile de vous trouver du travail.
Néanmoins - a réagi l'ex-rabbin, touché par la sincérité de son interlocuteur -, j'ose insister dans ma demande. Ce ne sera que pour quelques jours... De plus, j'accepterais volontiers de travailler en échange d'un peu de pain et d'un toit pour moi et un compagnon malade.