La foule a poussé un hurlement assourdissant et Gaio se mit à traîner le missionnaire avec le plus de précautions possibles. Ils ont traversé de longues ruelles en criant jusqu'à ce qu'ils aient atteint un lieu désert, un peu éloigné des enceintes de Lystre et y laissèrent Paul à demi mort sur le tas de déchets.
Le costaud s'est baissé comme pour vérifier la mort du lapidé et remarquant qu'il vivait encore, il s'est écrié :
Laissons-le aux chiens qui se chargeront du reste ! Il faut célébrer cela avec un verre de vin !...
Et suivant le meneur de la soirée, la foule a battu en retraite, alors que Timothée s'approchait du lieu, profitant des ombres de la nuit qui commençait à poindre. Il accourut à un puits tout proche, d'utilité publique, et le petit a rempli son bonnet imperméable d'eau pure, apportant les premiers secours au blessé. Baigné de larmes, il remarqua que Paul respirait avec difficulté, comme s'il était plongé dans une profonde torpeur. Le jeune de Lystre s'est assis à ses côtés, a baigné son front blessé avec une extrême tendresse. Quelques minutes de plus et l'apôtre revenait à lui pour examiner à nouveau la situation. Timothée l'a informé de tout ce qui s'était passé. Profondément affligé, Paul a remercié Dieu, car il reconnaissait que seule la miséricorde du Très-Haut pouvait avoir opéré un tel miracle en le ravissant aux intentions criminelles de la foule inconsciente.
Au bout de deux heures, trois ombres calmes s'approchèrent. Très angoissé, Barnabe avait quitté le lit malgré son état fiévreux pour accompagner Loïde el Eunlce qui, informées par Gaio, accouraient avec les premiers secours.
Tous rendirent grâce à Jésus, tandis que Paul prenait une petite dose de vin réconfortant. Doté d'une organisation spirituelle puissante, malgré les mauvais traitements physiques subis, le tisserand de Tarse s'est levé et est reparti avec ses amis, légèrement soutenu par Barnabe qui lui avait offert son bras fraternel.
Le reste de la soirée s'est passé à des conversations amicales. Les deux émissaires de la Bonne Nouvelle craignaient que l'agressivité du peuple touche les généreuses dames qui les avaient logés et aidés. Ils devaient partir pour éviter de plus grands dérangements et complications.
En vain, Loïde protesta cherchant à dissuader les prédicateurs publics du Christ ; en vain Timothée a baisé les mains de Paul et lui a demandé de ne pas partir. Craignant de plus tristes conséquences, après avoir donné les Instructions nécessaires à l'église naissante, ils ont passé les portes de la ville à l'aube en direction de Derbé qui était un peu plus loin.
Après une laborieuse randonnée, ils ont atteint leur nouveau secteur de travail où ils allaient séjourner pendant plus d'une année. Bien que livrés au travail manuel grâce auquel ils gagnaient le pain de tous les jours, les deux compagnons eurent besoin de six mois pour retrouver la santé. En tant que tisserand et potier anonymes, Paul et Barnabe restèrent à Derbé pendant longtemps sans éveiller la curiosité publique. Ce n'est qu'après s'être remis des préjudices soufferts qu'ils ont repris la diffusion de la Bonne Nouvelle du Royaume de Jésus. En visitant les alentours, ils provoquèrent beaucoup d'intérêt chez les gens simples pour l'Évangile de la rédemption. Des petites communautés chrétiennes furent fondées dans une ambiance de grande Joie.
Après plusieurs années de labeur, Ils décidèrent de retourner au noyau original de leur effort. Triomphant des étapes difficiles, ils avalent visité et encouragé tous les frères se trouvant dans les diverses réglons du Lycaonie, de Pisidie et de Pamphylie.
De Pergé, ils étaient descendus à Attalie où ils avaient embarqué à destination de Séleucie et de là ils avaient regagné Antioche.
Tous deux avaient vécu les difficultés des services les plus rudes. Combien de fois étalent-ils restés perplexes face à des problèmes complexes de société. En échange de leur dévouement fraternel, ils avalent reçu des railleries, des coups de fouets et des accusations perfides ; néanmoins, à travers leur abattement physique et leurs cicatrices rayonnaient les ondes invisibles d'une intense joie spirituelle. Car parmi les épines de la route scabreuse, les deux courageux compagnons avalent gardé bien droite la croix divine et consolatrice, répandant à pleine poignée les semences bénies de l'Évangile de Rédemption.
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LUTTES POUR L'ÉVANGILE
Le retour de Paul et de Barnabe fut annoncé dans Antioche avec une immense joie. La communauté fraternelle, profondément émue, était admirative quant au fait que les frères aient apporté à des régions aussi pauvres et lointaines les semences divines de la vérité et de l'amour.
Pendant plusieurs nuits consécutives, tous deux ont présenté un rapport verbal de leurs activités sans omettre un seul détail. L'église antiochienne vibrait de joie et rendait grâce au ciel.