Читаем ПСС. Том 66. Письма, 1891 (июль-декабрь) — 1893 полностью

Je me suis rarement vu compris aussi complètement que v[ou]s l’avez fait, ce qui v[ou]s devait être d’autant plus difficile que mon ouvrage principal, celui qui forme le fondement de tous mes autres écrits, — La critique de la théologie orthodoxe et la concordance et [la] traduction des 4 évangiles — avec commentaires et explications vous a été inconnu, comme il l’est en général au public étranger. Cet ouvrage, éctit entre 1879 et 1882, vient d’être publié pour la première fois en Genève en russe et n’a jamais été traduit.1 Un extrait de cet ouvrage a été traduit et publié en France dans la Revue Nouvelle il y a de cela près de 10 ans.2 Je regrette beaucoup que ma femme, parmis les renseignements qu’elle vous a communiqué[es], ne v[ou]s ait pas parlé de cet article. Cependant, malgré l’absence de cet écrit — le plus important pour se former une idée claire de mon point de vue — vous avez exposé avec tant de justesse le sens principal de la doctrine chrétienne, que je n’ai rien à redire dans cette exposition. Je n’ai que deux remarques à faire: 1) C’est la date que vous fixez à l’écrit «Marchez dans la lumière» et l’importance que vous attachez à cet écrit, que je n’ai jamais publié. Cet écrit n’est qu’une ébauche que j’ai abandonné deux ans avant «La sonate à Kreutzer».3

2) C’est l’opinion que vous émettez sur l’influence qu’ont du avoir sur moi les idées religieuses de Sutaieff et Bondareff. Je crois que c’est dans «Que faire?» que pour donner un exemple frappant de la nullité des effets produits par la littérature scientifique, j’ai dit quelque part qu’aucun écrit pendant tout le cours de ma vie n’a eu sur moi autant d’influence que les idées de deux paysans qui à peine savent lire et écrire.4 Cette expression a non seulement été prise au pied de la lettre, mais on en a tiré la conséquence que les idées que je professais étaient empruntées à Sutaieff et Bondareff. Comme si les idées n’étaient pas les mômes qui ont été répétées des milliers de fois par tous les soi-disant sectaires rationalistes, commençant par les Pauliciens jusqu’aux Quakers et autres. Mr. Pagès, dans sa préface,5 répète le même malentendu et je vous avoue que j’ai été étonné de le voir répété par vous, qui avez si bien compris et exprimé l’état mental du peuple russe dont, comme vous l’avez très bien dit, les sentiments évangéliques n’ont jamais cessé de fermenter sous l’assoupissant formalisme de l’église orthodoxe. Ce n’est pas que je ne veuille pas passer pour disciple d’un moujik, je ne demande pas mieux, et préfère de beaucoup de passer pour disciple d’un moujik que d’une école dite scientifique, mais c’est qu’il serait pour le moins étrange d’emprunter les idées d’un disciple, quand on a devant soi l’enseignement du maître. Cette erreur ne peut être commise que par ceux qui prennent pour l’enseignement du Maître l’enseignement d’un mauvais disciple, d’un disciple traître. Et c’est le cas de presque tous les catholiques. Tous ceux qui ont été élevés dans les principes catholiques, ont beau être savants, spirituels, lettrés, penseurs, philosophes, comme Proudhon,6
Renan,7 et autres, ne peuvent jamais se défaire de l’illusion que la religion catholique est synonyme au christianisme, et que toute autre conception du christianisme est une invention arbitraire, qui n’a pas de rapport direct avec la vraie religion.

C’est pour cela que les gens imbus de ces idées s’imaginent toujours quand ils ont à faire avec l’enseignement évangélique que ce n’est pas l’enseignement du maître, mais que c’est un système inventé pas Sutaieff ou Tolstoy et qu’à cause de cela l’un doit être absolument le disciple de l’autre.

Tout cela ne se rapporte pas à vous. Excepté cette insignifiante erreur dans laquelle vous avez suivi l’opinion émise avant vous, et qui au fond contredit tout votre exposé de la doctrine, j’admire la justesse de votre appréciation surtout dans la conclusion (p[ages] 149—150).

Cette conclusion que v[ou]s tirez de tout ce qui précède, est tellement dans l’esprit de celui dont v[ou]s avez étudié les idées, qu’elle pourrait servir de préface à l’ouvrage que je viens de terminer et qui va paraître à l’étranger dans quelques semaines.8 Recevez, Monsieur, l’assurance de ma reconnaissance et de ma parfaite considération.

Léon Tolstoy.

21 Mai 1893.

Mr. Félix Schroeder. 28 Rue Dajot. Près Paris. Melun.


Милостивый государь,

Я только что прочел ваш очерк и спешу вас поблагодарить за его присылку, так же как и за ваше письмо.

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