Вот постскриптум для князя Вяземского, я посылаю ему стихи молодого Аксакова
, который теперь находится при г-же Смирновой*. Стихи эти были написаны, по-видимому, после бурного спора, в коем несколько пристрастная снисходительность дамы к человеческим слабостям натолкнулась на добродетельную нетерпимость молодого человека. Эти стихи, конечно, можно было бы счесть дерзостью по отношению к особе, которой они адресованы, если бы не условлено и не принято было считать, что в стихах, как под маской, можно сказать почти все безнаказанно. В самом деле, стихи всегда доказывали только одно: больший или меньший талант их сочинителя… И это начинает становиться верным и для прозы. За исключением все же той, что я адресую тебе. Прощай, моя кисанька.Ф. Т.
Тютчевой А. Ф., 14 сентября 1846*
128. А. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 14 сентября 1846 г. Москва
Moscou. Ce 14 septembre 1846
Oui, tu as raison, ma fille, tu as un vilain p`ere, bien peu digne sinon de la tendresse, au moins de tes 'ecritures. Et cependant je les ai toutes lues avec un tr`es grand plaisir et il y a bien peu de moments dans la journ'ee o`u tu ne sois pr'esente `a ma pens'ee. Bien d'ecid'ement tu n’es pas le cadet
de mes soins…Tu as bien fait de penser `a moi dans la journ'ee du 9 septembre*
. Ce jour j’arrivais dans notre terre d’Ovstoug, o`u s’est pass'e tout mon enfance, que je me rappelle vaguement et que je regrette encore moins. Car la vie a commenc'e plus tard pour moi. Il y avait vingt-six ans que je n’y avais plus 'et'e. Quand je quittais le pays, j’avais `a peine pris ton ^age (s’il est vrai que tu as l’^age que tu t’attribues). J’avais tout entier destin[30] devant moi, et maintenant le voil`a devenu du pass'e, c’est-`a-d quelque chose qui serait du n'eant, s’il n’y avait dans ce n'eant tant de fatigue et tant de tristesse — trois ou quatre anniversaires tous bien chers, quelques-uns p'enibles et dont il y en aura un, celui de ta lettre qui me sera `a tout jamais douloureux…J’ajourne jusque mon retour le r'ecit de mon voyage qui a 'et'e apr`es tout moins fatigant et moins ennuyeux que je l’avais appr'ehend'e. Ce qui m’en reste encore `a faire n’est que de l’agr'ement tout pur, puisque c’en est la fin et que cela me ram`ene parmi vous… C’est dans la journ'ee du 24 que je compte vous r'ejouir de ma pr'esence. Vous voil`a pr'evenues…
Ici, ma bonne Anna, tout le monde, c’est-`a-d toute la parent'e est remplie d’affection pour toi. Ta vieille grand-maman a une extr^eme envie de te voir, et maintenant qu’elle a son logement `a elle, elle se trouverait trop heureuse de pouvoir t’h'eberger chez elle pour quelques semaines. La tante Doroth'ee s’emploierait aussi bien volontiers `a te faire les honneurs de Moscou. Puis il y a une cousine Zavalichine
, une fille excellente par le coeur et par l’esprit et qui ne demanderait pas mieux que de t’aimer beaucoup et de s’occuper de toi. En un mot, je suis persuad'e que tu aurais pu passer quelques semaines fort agr'eablement dans le milieu de Moscou, et je regrette vraiment que la tante Mouravieff* ne se soit pas d'ecid'ee `a t’emmener avec elle… Ici tu trouverais avec abondance ce qui te manque un peu trop parmi nous, c’est-`a-d l’occasion de parler, de te communiquer, etc. etc. et tu n’aurais pas `a craindre l’in'evitable livre d’estampes…*A propos de soci'et'e, comment se fait-il que vous n’ayez pas encore de nouvelles, si nous aurons pour cet hiver celle de Mad. Dugaillon? Il serait tr`es f^acheux qu’elle soit `a nous manquer, car comment esp'erer que nous r'eussirions sans elle `a ma^itriser cher Dmitri? J’ai su par la cousine M sa tension de d'esertion, et je ne doute nullement qu’il n’essaie plus d’une fois encore `a la renouveler…