Je sens que je devrais mettre un peu plus d’ordre chronologique dans ma narration, et je le ferais, si mon exécrable écriture ne me rendait pas toujours si nerveux. Essayons pourtant… De Berlin j’allais par le chemin de fer jusqu’à Weimar… Ah, ne blasphémons pas le chemin de fer. C’est une admirable chose, maintenant surtout que le réseau se noue et se complète de tout côté. Ce qu’il y a de si particulièrement bienfaisant pour moi, c’est qu’il rassure mon imagination contre mon plus terrible ennemi,
A Weimar je trouvais Maltitz, seul, établi dans la maison de Goethe. Entre nous soit dit, tout cet épisode de Weimar m’a beaucoup ennuyé. La localité m’a paru abominablement triste, et l’entrevue avec Maltitz n’avait rien qui eût pu l’égayer. Je l’ai retrouvé juste au même point où je l’ai laissé il y a 4 ans. C’est toujours la même chanson. Seulement ce fond d’égoïsme qui fait le véritable fond de l’individu est devenu encore plus aigu, comme les traits d’une figure qui a vieilli. En un mot, sa société ne m’a pas fait du bien et j’aurais beaucoup donné pour pouvoir la troquer, dans le moment donné, contre celle de ton frère. Je passais la nuit à Weimar logé chez Maltitz et repartis le lendemain. Le chemin de fer s’arrête à Eisenach qui est à 24 milles de Francfort. Il fallut se résigner à prendre la diligence — et quelle diligence, bon Dieu, et cela immédiatement après le chemin de fer. — C’était le débit de Tom Have, après celui de Thiers. Exécrable diligence, va!