Вчера я писал к Анне. Опасения мои были основательны: предостережение состоялось*
. На этот раз оно просто было вызвано оскорбленным самолюбием Похвиснева, но потворство такому дрянному делу со стороны Тимашева* не предвещает ничего хорошего. Все они более или менее мерзавцы, и, глядя на них, просто тошно, но беда наша та, что тошнота наша никогда не доходит до рвоты. Была речь в Главном управлении о предании газеты суду и об ее совершенном прекращении в случае осуждения, но, разумеется, на это они не отважились, и вот что окончательно должно бы было втоптать в грязь это подлое ведомство: это его расчетливая трусость при таком грубом произволе. Они чувствуют себя как бы в простенке между общественным мнением и самостоятельным судом и в этой тесноте душат втихомолку все, что у них под рукою. — А иногда и на самого Аксакова становится досадно за то, что он — конечно, в ущерб самому себе — вызывает такие безобразные явления.Прости, друг ты мой, надеюсь видеться с тобою в первой половине мая месяца. Господь с тобою.
Ф. Т.
Аксаковой А. Ф., 20 апреля 1868*
169. А. Ф. АКСАКОВОЙ 20 апреля 1868 г. Петербург
P'etersbourg. 20 avril 1868
Ma fille ch'erie, avez-vous song'e que l’anniversaire de demain*
tombe aussi sur un dimanche comme il y a trois fois treize ans. Quel r^eve que la r'ealit'e! et comment l’homme fait-il pour croire `a la persistance de son identit'e? Qu’ai-je gard'e des impressions de ce premier dimanche de ta vie, sauf le souvenir d’un beau soleil de printemps et d’un vent ti`ede et doux qui, pour la premi`ere fois, soufflait ce jour-l`a… Eh bien, tu n’as pas trop d'ementi la croyance, 'etablie relativement aux Sonntagskind, tout n’a pas 'et'e couleur de rose dans ta vie, mais tu as 'echapp'e, au moins, `a la banalit'e, et c’est quelque chose.Nous avons eu ici la visite de Katkoff qui, tout recherch'e qu’il a 'et'e ici, n’aura remport'e d’ici — `a ce qu’il m’a dit — que des impressions tr`es peu gaies et la r'esolution arr^et'ee d’ac'erer
sa pol'emique… Тимашев* a fait beaucoup de frais pour lui, et dans un entretien de deux heures, qu’ils ont eu ensemble, celui-ci lui a avou'e, `a propos du dernier avertissement `a la Москва, que c’est bien `a contrecoeur qu’il s’y est d'ecid'e, mais qu’il a eu la main forc'ee. C’est aussi ce que me disait chaque fois feu Валуев*, et le fait est que c’est plus vrai qu’on ne le pense, car dans le milieu, o`u ces gens-l`a vivent, et avec les courants, auxquels ils sont expos'es, la r'esistance est presqu’impossible… C’est comme des gens qui marchent sur du verglas par un vent furieux. — Puis, en parlant de Потапов et de la ligne de conduite qu’il para^it vouloir adopter*, Тимашев a assur'e Катков de la mani`ere la plus positive qu’il ne le souffrirait pas et que, le cas 'ech'eant, l’un des deux quitterait la partie… En effet, ce qui se r'ep`ete ici des propos tenus par Потапов, venant corroborer ses premiers faits et gestes, est quelque chose de vraiment incroyable. Derni`erement ces messieurs — lui, Потапов, et Шувалов le gendarme — avaient invit'e l’ami Moller*, que tu connais de Moscou, de venir conf'erer avec eux, et l`a ils ont 'et'e amen'es `a faire une profession de foi qui assur'ement ne laisse rien `a d'esirer… C’est de la Весть en clair, comme dans une transcription de d'ep^eche chiffr'ee… Le r'esum'e de la doctrine c’est que la soi-disant nationalit'e russe n’est qu’une blague de journaliste qui n’a de sens que par rapport `a cinq ou six millions de population des gouvernements du centre, que toutes les autres parties de l’Empire, y compris la Petite Russie et m^eme le pays des Cosaques du Don, sont d'ecid'ement centrifuges et ne sauraient ^etre retenues et contenues que par une force brutale, la compression mat'erielle… Enfin toute la doctrine de l’'emigration polonaise, avec l’inconscience de plus… Ce qui, toutefois, n’a pas emp^ech'e Шувалов de faire sa profession de foi `a l’'egard du principe autocratique russe, qu’il consid`ere comme parfaitement incompatible non seulement avec tout progr`es, mais m^eme avec la moindre suite dans les actes… Et ce sont de pareils dr^oles qui gouvernent la Russie…Ah, certes, la Russie serait bien ce qu’ils pensent d’elle, si elle pouvait supporter longtemps encore l’ignominie d’avoir `a sa t^ete de tels dr^oles…