Ma fille ch'erie. Il para^it que j’'etais pr'edestin'e `a exp'erimenter `a mes d'epens la v'erit'e du dicton qu’on n’est jamais trahi que par les siens*
, et c’est d’une trahison de ce genre — bien involontaire, sans doute — que je viens me plaindre. Il s’agit de la tr`es inutile et tr`es oiseuse publication de ce recueil de rimes* qui n’'etaient bonnes qu’`a ^etre oubli'ees, qui vient de se faire. — Mais comme, malgr'e tout le d'ego^ut que j’en avais en principe, j’avais fini par y consentir, par paresse et laisser-aller, je n’ai pas le droit de m’en plaindre. Seulement je pouvais esp'erer que la publication se ferait avec quelque discernement, et qu’on n’irait pas fourrer dans ce mince volume un tas de petits vers de circonstance, n’ayant jamais eu que le plus fugitif int'er^et du moment, et qui, reproduits, deviennent par l`a m^eme parfaitement ridicules et d'eplac'es. J’en serai quitte, pour rev^etir l’apparence d’un de ces rimeurs ridicules, niaisement 'epris du moindre bout de rime qui leur a jamais 'echapp'e — et bien que tel ne soit pas pr'ecisement mon cas, je me r'esignerai, sans grande peine, m^eme `a cet absurde contresens, par d'ego^ut et indiff'erence. Mais d’avoir reproduit dans ce malheureux petit volume ces quelques vers `a l’intention du PPauvre, cher Aksakoff, et voil`a tous les remerciements qu’il aura eus de moi, pour toute la peine qu’il s’est donn'ee… Il en recevra de meilleurs apr`es le 1er
№ de saMille amiti'es `a l’oncle Сушков. Son 'ecrit sur le d'efunt Philar`ete*
est vraiment une chose qui se lit avec un grand int'er^et. Les derni`eres pages sont saisissantes.Et maintenant, fille ch'erie, laisse-moi t’embrasser et te souhaiter les bonnes f^etes, ainsi qu’`a toute la famille. Dieu vous garde. Ф. Тютчев
Петербург. Вторник. 26 марта 1868