D’ailleurs il n’y a pas `a se le dissimuler… Il y a entre la pens'ee Aksakoff et l’esprit bureaucratique, qui fait le fond de la direction de la presse, un ab^ime incomblable et qu’une phras'eologie vague et l^ache pourrait seule au besoin dissimuler. Mais chaque fois que cette pens'ee appara^itra claire et pr'ecise, elle sera s^ure de se heurter contre l’autorit'e. Il y a l`a l’antagonisme de principes. Maintenant l’exp'erience est faite. La l'egislation actuelle sur la presse n’est qu’une censure d'esorganis'ee*
. — C’est l`a encore un de ces stupides plagiats qui forment le fond de notre science l'egislative, et par une ironie du sort bien m'erit'ee, il se trouve que le mod`ele, reproduit par nous avec tant de servilit'e, est bris'e sous nos yeux par la main m^eme qui l’avait cr'e'e…* Il sera curieux de voir combien de temps nous nous permettrons de porter cette crinoline l'egislative apr`es qu’on aura cess'e de la porter `a Paris… Tout cela ferait rire si cela ne donnait pas la naus'ee… Heureux ceux parmi nous qui aiment `a m'epriser… Car ceux-l`a peuvent tailler en plein drap… Parfois il m’arrive m^eme d’^etre attendri `a la vue de tant d’imb'ecillit'e na"ive et inconsciente. C’est la disposition d’esprit o`u je me trouve pour le moment `a la vue de ce qui vient de se passer*, au moins par rapport `a ce pauvre cher homme qui est comme un bon diable un peu b^ete*. Il n’en est pas ainsi de ses serviteurs, et mon attendrissement ne s’'etend certes pas `a Шувалов et `a Левашов qui ont, par une sotte susceptibilit'e bless'ee de gens m'ediocres au pouvoir, amen'e tout ce g^achis*. Mais ce n’est qu’en entrant dans des d'etails infinis, que ma paresse 'epistolaire ne comporte pas, qu’on pourrait donner une id'ee quelque peu juste de ce qui vient de se passer… Mais l`a aussi il y avait du plagiat. Ces imb'eciles n’ont pas manqu'e de s’imaginer qu’ils faisaient leur coup d’'etat du 2 d'ecembre* — toute la police 'etait sur pied, on s’attendait `a de la r'esistance, `a des barricades peut-^etre, et c’est avec un air de triomphe contenu que Левашов est venu le soir dans la loge de l’Empereur visiblement 'emu et inquiet: «Все кончилось благополучно». Ah, triples sots… Le plagiat n’a pas manqu'e aussi du c^ot'e oppos'e. Car plusieurs d’entre ces messieurs 'etaient pleins de leur importance et flottaient agr'eablement entre les souvenirs du Jeu de Paume et ceux de la Grande Charte*. La r'ealit'e de leurs pr'etentions 'etait pourtant des plus modestes, et le gouvernement lui-m^eme serait fort embarrass'e de formuler une accusation qui e^ut une apparence de sens commun…* Car pour mettre le comble `a toute cette ridicule et plate com'edie, au moment m^eme o`u l’Assembl'ee 'etait occup'ee de tendances factieuses, le Ministre de l’Int'erieur pr'esentait `a l’Empereur un projet d’une d'eputation centrale des diff'erents земства, et le grand homme du jour — Шувалов lui-m^eme — est, dit-on, occup'e de quelque chose de semblable avec son ami Alexis Bobrinsky…* En un mot c’est un tas d’idiots qui viennent d’avoir bu…La seule r'ealit'e dans tout ce fatras, c’'etait cette vell'eit'e d’arbitraire, essayant de se reproduire dans ces ordres d’exil*
. Mais ceci, 'egalement, n’a pas abouti, et cet avortement-l`a est le seul r'esultat positif de tout cet imbroglio odieux.Mais je me sens l’esprit tout fan'e et tout alangui, et suis oblig'e de remettre `a une autre occasion la suite de cette lettre.
Петербург. Воскресенье. 22 января 1867
Моя милая дочь, ввиду действующих сейчас новых порядков пишу тебе, как в старые добрые времена, с оказией…*
Я так и думал, что