Harry était persuadé que Dumbledore allait refuser, qu’il allait dire à Jedusor qu’il y aurait largement le temps pour des démonstrations à Poudlard, qu’ils se trouvaient actuellement dans un immeuble plein de Moldus, et qu’il fallait donc être prudent. À sa grande surprise, pourtant, Dumbledore sortit sa baguette de la poche intérieure de la veste de son costume, la pointa sur la penderie miteuse qui était dans un coin de la pièce, et fit le petit geste habituel avec sa baguette. La penderie prit feu.
Jedusor se releva d’un bond. Harry pouvait difficilement le blâmer de crier sous le coup du choc et de la rage, tout ce qu’il possédait au monde devait être dedans, mais alors que Jedusor se tournait vers Dumbledore les flammes disparurent, laissant la penderie totalement intacte. Jedusor fixa la penderie puis Dumbledore, et une expression avide sur le visage, il montra la baguette magique du doigt.
« Où est ce que je peux en trouver une comme ça? »
« Tout viendra en son temps, » dit Dumbledore. Je crois qu’il y a quelque chose qui essaie de sortir de ta penderie. »
Et en effet, un petit bruit de ferraille s’y faisait entendre. Pour la première fois, Jedusor parût effrayé.
« Ouvre la porte, » dit Dumbledore.
Jedusor hésita, puis traversa la pièce et ouvrit grand la porte de la penderie. Sur l’étagère la plus haute, par-dessus un tas de vêtements usés jusqu’à la corde, une petite boîte en carton remuait et cliquetait comme si plusieurs souris frénétiques y étaient enfermées.
« Sors-la ! » dit Dumbledore.
Jedusor descendit la boîte qui tressautait. Il semblait troublé.
« Y a-t-il quoi que se soit dans cette boite que tu ne devrais pas avoir en ta possession? » demanda Dumbledore.
Jedusor jeta à Dumbledore un long regard nettement calculateur.
« Oui, je suppose que c’est le cas, monsieur, » répondit-il finalement d’une voix vide d’expression.
« Ouvre-la ! » dit Dumbledore.
Jedusor enleva le couvercle et renversa le contenu sur le lit sans le regarder.
Harry, qui s’attendait à quelque chose de beaucoup plus excitant, vit des petits objets du quotidien entremêlés les uns aux autres: un yo-yo, un dé en argent et un harmonica terni en faisaient parti. Une fois sortit de la boîte, ils arrêtèrent de bouger et restèrent bien tranquille sur les minces couvertures.
« Tu rendras tout ceci à leurs propriétaires avec tes excuses, » dit Dumbledore calmement, rentrant sa baguette dans sa veste. « Je saurais si cela a été fait. Et sois prévenu : voler n’est pas toléré à Poudlard. »
Jedusor n’avait absolument pas l’air confus, il jaugeait toujours Dumbledore d’un regard froid. Finalement il dit d’une voix sans timbre:
« Oui monsieur. »
« À Poudlard, » continua Dumbledore, « nous ne t’apprendrons pas seulement à utiliser la magie, mais aussi à la contrôler. Tu as - par inadvertance j’en suis sûr - utilisé tes pouvoirs d’une manière qui n’est pas enseigné ni toléré dans notre école. Tu n’es pas le premier et tu ne seras pas le dernier, à laisser ta magie s’emporter avec tes émotions.
Mais tu dois savoir que Poudlard peut expulser des étudiants, et que le Ministère de la Magie - oui il y a un Ministère - punit ceux qui enfreignent la loi encore plus sévèrement.
Tous les nouveaux sorciers doivent accepter qu’en entrant dans notre monde, ils ont le devoir de suivre nos lois. »
« Oui monsieur, » répéta Jedusor. »
Il était impossible de dire ce qu’il pensait. Son visage restait plutôt vide alors qu’il remettait les objets volés dans la boîte en carton, puis dans sa cachette. Quand il eut fini, il se tourna vers Dumbledore et s’enquit avec audace :
« Je n’ai pas d’argent. »
« Voilà qui peut être facilement arrangé, » dit Dumbledore, sortant une bourse en cuir. « Il y a des fonds pour ceux qui ont besoin d’un soutien financier pour acheter leurs livres et uniformes. Tu devras peut être acheter tes livres de sorts et autres d’occasion, mais -»
« Où est ce qu’on achète des livres de sorts ? » l’interrompit Jedusor, qui avait pris la lourde aumônière sans un merci envers Dumbledore et qui maintenant examinait un gros Gallion d’or.
« Au Chemin de Traverse, » dit Dumbledore. « J’ai ta liste de livres et de fournitures scolaires avec moi. Je peux t’aider à tout trouver … »
« Vous venez avec moi ? »demanda Jedusor, levant la tête.
« Certainement, si tu… »
« Je n’ai pas besoin de vous, » le coupa Jedusor. « J’ai l’habitude de faire les choses par moi-même. Je me promène dans Londres tout seul tout le temps. Comment vous arrivez à ce Chemin de Traverse - monsieur ? »
ajouta-t-il en croisant le regard de Dumbledore.
Harry pensait que Dumbledore allait insister pour accompagner Jedusor, mais une fois de plus il fut surpris. Dumbledore tendit à Jedusor l’enveloppe contenant la liste de fournitures, puis, après avoir expliqué précisément à Jedusor comment se rendre au Chaudron Baveur depuis l’orphelinat, il dit: