Je ne Vous rappelle pas les écoles de paroisse pour les campagnes. Je compte sur Vous – je ne puis compter que sur Vous seul. – Mais permettez-moi un mot sur un sujet tout différent. Vous avez ordonné des levées considérables de recrues. J’en sens la nécessité; je sens ce qu’il Vous en a coûté d’enlever au labourage tant d’hommes qui lui sont nécessaires. Mais les accessoires de cette ordonnance sont plus nuisibles encore que l’ordonnance elle-même. On exige avec rigueur, avec vexations son exécution ponctuelle. D’un côté la mesure est trop grande pour le grand nombre de recrues à livrer. L’Estonie, où la race d’hommes est petite, ne pourra pas les fournir, et les clameurs de la noblesse à ce sujet sont sans fin. J’en ai été témoin pendant un petit voyage que j’ai fait dans le gouvernement de Reval. J’ai vu une terre de 25 Haken, qui doit fournir deux recrues. Elle n’en possède qu’un seul de la taille prescrite, et ce seul homme est père de famille et le meilleur chef de métairie de toute terre. D’un autre côté on crie beaucoup contre celui qui est chargé de recevoir les recrues; il abuse des expressions de l’ordonnance; une cicatrice, une verrue, des yeux louches etc. lui servent de prétexte pour renvoyer les recrues qu’on veut livrer et l’on assure que les profits ordinaires ne lui suffisent pas. Ne serait-il pas possible de diminuer la taille requise et de faire cesser les vexations? – Vous me pardonnerez sûrement de Vous parler de choses que je n’entends pas. Puis-je voir de sang froid qu’on fasse des reproches à mon Bien-Aimé? La tendre amitié dont tout mon être est pénétré pour Vous ne me fait-elle pas un devoir sacré de Vous dire tout ce que je vois, au risque même d’avoir tort? O mon Héros! Mon ami souverain! – Ne cessez jamais d’entendre la voix de
Votre Parrot.
96. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Vous êtes devenu Père1
, mon Bien-Aimé; j’ai partagé les délices que Vous avez éprouvées; j’ai remercié la Providence pour les moments de bonheur que Vous avez eus, pour ces moments à présent surtout si nécessaires à Votre cœur.