Sire! Voilà des faits incontestables; je n’appuie que sur eux. Le Directoire triomphe, ces protestations à la main; c’est ce qu’il désirait et il a parfaitement bien calculé. Je me suis tu alors, parce que Vous aviez déjà accordé cette consultation des provinces qu’on Vous avait demandée à mon insu4
. J’ai attendu tranquillement l’effet de ces consultations. À présent qu’il s’agit de la décision, je Vous conjure, Sire, de ne pas laisser agir le Directoire à l’insu de l’Université (qu’on n’a pas même instruite de cette démarche importante) et d’ordonner que j’aille à Pétersbourg pour rendre compte du plan et me justifier de son contenu. Je suis trop instruit de tout ce qui y a rapport pour craindre les discussions, et je n’ai d’intérêt que celui de la chose. Si les écoles paroissiales n’existent pas, j’aurai sûrement moitié moins de travail et de chagrins; mais aussi j’aurai un dégoût profond pour ma vocation. Je hais l’aristocratie des lumièresVotre Parrot Vous aime de toute son âme.
95. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire!
Votre éternel suppliant reparaît. On Vous avait demandé la terre de Colberg pour le surintendant de Livonie. Vous hésitâtes parce qu’elle était destinée à l’Université. Lorsque je Vous fis la même prière en Vous alléguant qu’il était indifférent que l’Université eût cette terre ou une autre, Vous me promîtes de la donner. Des affaires majeures Vous ont apparemment fait oublier celle-là. À présent le moment est venu d’effectuer. La veuve du lieutenant-colonel Schröder, qui avait cette terre en arrende viagère, vient de mourir, et la terre est par là disponible. Les raisons que je Vous ai alléguées gagnent de jour en jour plus de force. La cherté à Riga est énorme et passe toute idée. Il est impossible que le surintendant y vive de ses appointements je ne dis pas avec dignité et aisance, mais qu’il satisfasse aux besoins de nécessité. Sonntag, qui remplit sa place avec tant de zèle et de succès, s’endette, et est forcé de chercher à l’étranger une place qui le nourrisse. Je ne sais personne qui puisse le remplacer; sa perte serait irréparable et la réputation qu’il a, à l’étranger encore plus qu’ici, deviendrait un reproche à la Russie, si on le laissait quitter comme on a laissé quitter autrefois le célèbre Herder1
. La Russie est devenue presque le seul asile des sciences et de la vraie humanité; retenez ceux qui les servent avec zèle. Hâtez-Vous, je Vous supplie, avant que Sonntag s’engage ailleurs; c’est le Ministre de la justice qui a cette affaire.Nos gymnases et écoles de district sont complètement organisés. Mais les écoles inférieures, ces écoles élémentaires qui doivent recevoir dans leur sein la masse de la jeunesse du peuple pour en former une partie pour les écoles de district, n’existent pas encore. Nous avons réitéré la demande pour leur érection; elles sont de première nécessité, pour les filles comme pour les garçons; nous avons demandé que celles-là soient séparées de celles-ci, parce que la moralité l’exige, parce que la mélange des sexes dans les écoles primaires détruit dans le principe ce germe d’innocence dont la nature a fait le plus bel apanage de la femme. Les frais sont les mêmes, et sont déjà assignés sur notre part des revenus des collèges des secours publics. Le seul argument qu’on opposait autrefois est qu’il est ridicule que l’Empereur de Russie fasse élever des filles. – J’avoue que je n’ai rien à répliquer à des raisons de cette force.