Ces commentaires si sains et si tendres ont pénétré l'esprit de l'ex-rabbin comme un baume de consolation venant de plus vastes horizons. Ses paroles aimantes l'amenèrent à se souvenir de quelqu'un qui l'aimait beaucoup. Le cerveau fatigué par les heurts du jour, Saùl s'efforçait de mieux fixer ses idées. Ah !... maintenant il s'en souvenait parfaitement. C'était Gamaliel. Un désir soudain de revoir son vieux maître surgit en lui. Il comprenait lu raison de ce souvenir. C'est que lui aussi lors de leur dernière rencontre lui avait parlé du besoin qu'il ressentait d'un endroit solitaire pour méditer sur les vérités sublimes et nouvelles. Il le savait à Palmyre, en compagnie d'un frère. Comment ne s'était-il pas encore souvenu de son vieux maître qui était presque un père pour lui ? Gamaliel le recevrait certainement à bras ouverts, il se réjouirait de ses récentes conquêtes, lui donnerait des conseils généreux quant aux itinéraires à suivre.
Plongé dans ses tendres souvenirs, il remercia Ananie avec un regard significatif, ajoutant ému :
Vous avez raison... Je me recueillerai dans le désert au lieu de retourner à Jérusalem précipitamment, sans forces peut-être pour affronter l'incompréhension de mes confrères. J'ai un vieil ami à Palmyre, qui m'accueillera volontiers. Là je me reposerai quelques temps, jusqu'à ce que je puisse m'isoler dans des régions solitaires pour méditer sur les leçons reçues.
Ananie a approuvé l'idée avec un sourire. Ils restèrent encore un long moment à parler jusqu'à ce que la nuit plonge l'âme des choses dans son voile d'ombres épaisses.
Le vieux prédicateur a alors conduit le nouvel adepte à l'humble réunion qui avait lieu en ce samedi de grandes déceptions pour l'ex-rabbin.