Mon séjour ici est devenu une lutte qui décidera, à Pétersbourg si le pouvoir ministériel l’emportera sur les vues les plus chères à Votre cœur, en Livonie, si ce que Vous avez fait pour le cultivateur sera illusoire, ou non. – Loin de moi l’idée de Vous porter à des démarches trop peu réfléchies. Vous Vous souvenez sûrement que, dès mon arrivée, moi-même je Vous priai de consulter des personnes instruites sur tout ce que je Vous proposais. Ai-je une seule raison de vouloir Vous tromper? Combien par contre j’en ai de Vous aimer!
Sire! je Vous supplie de m’entendre encore une fois, la dernière fois! après quoi, consolé ou abattu, je retournerai dans mes foyers, je ferai place aux hommes puissants que ma vue offusque. Je ne veux pour moi que l’assurance que je suis encore cher à Votre cœur.
Parrot
Avant d’écrire cette lettre, qui, peut-être, décidera d’une portion si notable du bien public, de la prospérité de l’Université, de mon bonheur individuel, j’ai sondé mon cœur jusques dans ses replis les plus profonds. Je n’y ai trouvé que l’amour pour les hommes et mon amour pour Vous. Si j’y eusse découvert l’égoïsme, je me serais cru indigne de défendre ma cause aussi pure jusqu’à cette extrémité, de la défendre surtout auprès de Vous. Mais mes motifs sont purs comme Votre volonté, et voilà pourquoi j’ose me mettre entre Vous et Vos alentours, et demander que ma voix, placée dans la balance de Votre équité, pèse autant que la leur1
.Je Vous supplie de m’accorder deux mots de réponse. Si jamais j’en ai été digne c’est sûrement aujourd’hui, dans ce moment terrible d’attente.
61. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire!
Je suis malheureux; c’est en cette qualité seule que j’ose encore Vous adresser ces lignes. Je Vous avais supplié dans ma dernière lettre de m’accorder un mot
Vous, soyez heureux!
62. Alexandre IER
à G. F. Parrot[
Je n’avais voulu Vous répondre que pour Vous marquer une heure d’entrevue. Tout mon temps était pris tous ces jours-ci. C’est jeudi après-dîner2
que je compte Vous recevoir, mais je ne veux plus différer de Vous en avertir, car Votre dernière lettre m’a causé véritablement de la peine. Pourquoi être toujours si passionné, si prompt à Vous désespérer? Un certain calme doit être inséparable de la fermeté et voudriez-Vous en manquer? Il y a des choses sur lesquelles est l’équivalent de ; par quoi Vous ai-je donné bien de douter de mes sentiments pour Vous? Et la confiance, ne doit-elle pas accompagner Votre estime pour moi?Tout à Vous.
63. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire!
Mon Alexandre! Mon Héros! Vous m’avez ranimé. Que ne puis-je Vous demander pardon à genoux de Vous avoir fait de la peine! – Mais Vous Vous trompez quant à mes doutes. Je doutais des événements, jamais de Vous, jamais du cœur de mon Bien-Aimé. Pardonnez-moi ma passion. Vous le ferez sûrement lorsque je Vous aurai détaillé une situation. Vous verrez qu’il n’y a pas un jour à perdre.
Votre lettre n’est écrite qu’en crayon, mais j’en imprimerai les caractères dans mon cœur, et quand Vous et moi ne seront plus l’homme passionné pour le bien public, l’homme sensible à la tendre amitié enviera mon sort.
Je voudrais Vous dire combien je Vous aime. Puis-je Vous le dire comme je le sens?
Pardonnez à Votre Parrot.
64. Alexandre IER
à G. F. Parrot[
Pouvez-Vous me croire assez déraisonnable pour Vous en vouloir pour une chose aussi insignifiante? Je suis fâché de n’avoir pas pu hier Vous rassurer, ayant été à Pavlovsky. – Venez aujourd’hui à 7 h. et ½.
Tout à Vous.
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65. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire!