Comme c’est demain que le Comte Sawadofsky Vous présente les affaires de son département, permettez-moi de Vous communiquer une réflexion sur le dessein que Vous avez de terminer l’affaire des écoles paroissiales sans discussion au Directoire1
. Je sens le prix de cette bonté de Votre part. Je vois dans cette résolution la fermeté avec laquelle Vous voulez agir et la délicatesse avec laquelle Vous voulez me ménager personnellement. Mon cœur en est touché. Mais d’un côté je crois que la chose au moins ne perdra pas à été discutée, et au contraire que j’amènerai ces messieurs à Vous fournir d’eux-mêmes l’occasion de rendre le seul décret qui peut terminer promptement. La seule raison qu’ils pourront alléguer, c’est qu’ils n’ont de rapports que de la Livonie, et ce sera précisément un motif pour Vous de prendre une mesure extraordinaire pour obtenir ce que la négligence des régences des 3 autres gouvernements2 n’a pas encore livré, et que sans cette mesure elle ne livrera de longtemps. Quand à ma personne, ne craignez pas des désagréments, mon Bien-Aimé. Sûr de la fermeté de Vos intentions je n’aurai nul sujet de me fâcher et pour m’assurer encore plus de moi-même je lirai là un mémoire à peu près comme celui que je Vous ai présenté, mais dont j’éloignerai toutes les vérités qui pourraient aigrir (sang froid!), de même que la proposition principale concernant le mode d’exécution. Je suis ferré à glace. Cette séance passée, si Vous en demandez d’abord le résultat au Ministre, de même que mon mémoire et mon plan que Vous envoyâtes il y a bientôt 2 ans au Directoire, Vous serez en possession de tout ce qu’il faut pour porter un décret définitif sans avoir en aucune manière dérogé à la forme.Vous ne voulez pas me causer de désagrément, permettez-moi de ne pas vouloir Vous aliéner davantage des personnes dont Vous avez besoin. Klinger m’a dit hier au soir qu’il a eu une scène bien désagréable au sujet des représentations que l’on Vous a faites sur le Gymnase de Mitau. La plupart de ces messieurs ne savent pas tenir aux principes, et cèdent aux sollicitations de tout le monde3
. Il en a coûté trois ans de guerre ouverte avec ce gymnase et la noblesse de Courlande pour mettre enfin cet institut sur un pied qui réponde au but. C’était autrefois un institut hermaphrodite qui, gouverné dans le sens philanthropique, contenait toutes les espèces d’études, où dans trois ans on voulait faire des jeunes gens ce que nous pouvons à peine en faire par des études de 9 années dans les écoles de district, les gymnases et l’université. On a employé toutes les ruses et avaries possibles pour arrêter la régénération de ce gymnase et éluder le rescript particulier que Vous avez donné à ce sujet. L’offre que fait la noblesse d’augmenter les fonds de cette école tend uniquement à rétablir l’ancien désordre pour parvenir enfin à obtenir par là le droit de ne pas faire étudier les Courlandais à Dorpat. Si ces messieurs sont vraiment patriotes, qu’ils employent la somme annuelle qu’ils Vous offrent à améliorer le sort des maîtres en leur donnant les logements que la Couronne ne peut pas leur donner, ou l’équivalent en argent. Par là ils seront sûrs de toujours avoir les meilleurs maîtres qui soient dans tout l’Empire et peut-être en Europe. La seule chose qu’ils puissent réclamer, c’est que leur ancienne constitution ne soit abolie que par un ordre immédiat et formel énoncé de Vous, et non pas seulement par un décret du Directoire4. Si Vous voulez entrer dans les détails de cette affaire, je suis à même de Vous les fournir. Ils me sont encore très présents. Klinger pourra de même Vous les donner.Permettez-moi de Vous rappeler l’affaire de Sonntag et des patentes des professeurs comme choses de moins d’importance que les grandes affaires font aisément oublier.
Bon jour, mon Bien-Aimé! Je suis bien plus heureux depuis la dernière soirée que Vous m’avez accordée.
Votre Parrot
108. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire!