Nous sommes au milieu d’avril, et rien ne s’est fait pour les écoles paroissiales; rien n’est venu de Pétersbourg. Je commence à regretter d’avoir préféré mon devoir pour ce travail aux délices de Vous suivre à l’armée. Mon Bien-Aimé! Je rougis de cet aveu; mais jugez par là combien il doit Vous être important de soutenir avec vigueur le bien que Vous commencez. L’honnête homme, quelque décidé que soit son caractère, n’est pas à l’abri de ces moments de découragement si intimement liés à la nature humaine. – Je tiens à mon devoir; j’y tiendrai jusqu’au dernier soupir; et depuis Votre départ j’ai agi en conséquence. J’ai travaillé d’ici dans le sens du règlement pour les écoles paroissiales, avec tous les ménagements possibles, il est vrai, mais cependant ce règlement n’est pas publié; le rescript qui m’autorise n’est pas encore rendu, il est à craindre que les autres autorités, qui dans d’autres cas se permettent d’agir ouvertement contre Votre volonté, ne témoignent dans celui-ci une activité funeste. Vous savez que tout doit être terminé pour la fin de juillet, si Vous ne voulez pas donner encore une année aux machinations. Et puis, Vous savez combien je désire que cette grande question sur l’instruction publique de la classe la plus nombreuse de l’humanité soit décidée précisément dans ce moment de crise, et que Vous prouviez par là à Votre nation et à la postérité que rien n’a pu Vous ébranler dans Vos principes. Vous avez témoigné cette fermeté de caractère, mais à moi seul. Pourquoi voulez-Vous Vous ôter l’avantage de Vous montrer tel que Vous êtes et frustrer Votre nation et l’Europe de Vous aimer, de Vous admirer davantage? – Je suis sûr que Vous me comprenez et que Vous ne regardez pas ce langage comme tendant à Vous inspirer de la vanité. Tous les degrés d’estime que Vous méritez ne sont pas Votre propriété seule. Ils sont aussi la propriété de Votre nation et de tous ceux qui espèrent en Vous. L’objet dont Vous Vous occupez à présent est, il est vrai, le plus important. Mais la fermeté que Vous y déployez Vous est commandée par les événements, et Vous appartient par là en quelque sorte au moins. Vous êtes forcé de faire exception à la règle des monarques de nos jours. Mais tout ce que Vous faites pour l’instruction publique Vous appartient, n’appartient qu’à Vous seul. Aucun motif de danger ni de crainte n’y peut avoir d’influence, bien au contraire!
J’ai compté jusqu’ici les jours et les heures qui s’écoulaient sans fruit. À présent je calcule les jours qui restent pour agir. Ce que j’ai fait abrège de quelque chose le temps nécessaire. Il est encore possible de terminer pour la fin de juillet. Mais les délais doivent cesser. Si le rescript que Vous vouliez rendre pour cet objet ne croise pas cette lettre, faites-le partir, je Vous en supplie, sans délai. Si c’est le Ministre qui doit me le remettre, qu’il sache qu’il doit le faire sur le champ, sans oser le retarder.
La chambre des finances de Riga a reçu du ministre
Vous, mon Alexandre chéri! Que la Providence Vous conserve à l’humanité! Je suis éloigné de Vous et chaque instant peut Vous mettre en danger. N’oubliez pas que Vous ne devez pas être soldat, et que ce n’est que sous les ruines de son Empire qu’un Monarque doit s’ensevelir.
Klinger n’a pas eu le bonheur de Vous voir avant Votre départ pour Vous remettre le nom de mon pupille pour être admis au corps des cadets et m’a conseillé de Vous l’envoyer. J’espère que cet enfant deviendra un bon soldat. Je Vous en élève un autre du même âge pour la même carrière, et que j’espère Vous livrer tout formé1
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