Votre Parrot.
130. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Je suis extrêmement affligé de rien apprendre touchant les écoles paroissiales. O mon Alexandre! ne Vous fâchez pas de mon assiduité à poursuivre cet objet. Vous en connaissez l’immense importance; Vous la sentez; Vous avez cette persuasion intime dans Votre esprit et dans Votre cœur, cette persuasion qui agit, qui met tout en mouvement. Vous serait-il survenu quelque nouvelle difficulté, Vous aurait-on montré quelque inconvénient qui ont fait changer d’opinion sur cet établissement sublime? Daignez me le communiquer; je suis sûr de pouvoir lever toutes les difficultés, parer tous les inconvénients. L’idée est si juste, le motif si pur. O mon Bien-Aimé! Est-il dans la nature des choses, est-il dans l’idée d’une providence juste et bonne que ce qui est bon et juste soit inexécutable? Non – tant que je vivrai et serai maître de ma raison je serai persuadé que quand le bien ne se fait pas c’est notre propre faute, non celle de la providence. Je ne perdrai cette persuasion que quand je Vous perdrai. Que n’avez-Vous pu voir l’école de Canapäh comme je l’ai vue ce mois de juillet! Que n’avez-Vous été témoin comme moi de l’ordre de la sobriété et la propreté qui y règne, de bon esprit et de la gaîté qui anime les écoliers, des connaissances morales, rurales et techniques qu’ils acquièrent. Que n’avez-Vous entendu leurs cantiques à l’église, leurs chansons populaires où le refrain répète à chaque instant le nom chéri de leur auguste Bienfaiteur. Devenus hommes Vous pouvez compter sur eux, sur leur amour pour Vous, sur leur attachement à la Patrie. À chaque instant je Vous souhaitais présent pour Vous procurer la joie la plus pure que Vous ayez jamais goûtée. Vous n’auriez pas reconnu dans ces jeunes gens gais, actifs, rigoureux, intelligents la nation avilie, abrutie sous le joug. Ne croyez pas pour cela qu’ils reçoivent une éducation disproportionnée à leur état futur. L’instruction embrasse cet état dans toute son étendue sans en passer les bornes. Les travaux manuels alternent avec l’instruction. Ces écoliers font eux-mêmes tout ce qu’ils doivent faire au jour. Ils labourent, ensemencent, hersent leur propre champ, qu’un gentilhomme leur a donné. Ils construisent eux-mêmes leur charrue, leur herse, leurs chariots
Je Vous avais prié de faire recevoir au corps des cadets mon pupille, le fils du conseiller de collège défunt Roth. Vous avez son nom, son âge et son extraction, Klinger aussi. Permettez-moi de Vous en faire souvenir. Veuillez m’accorder ce bienfait. Mes dépenses journalières augmentent, mes deux fils sont devenus étudiants et j’ai d’ailleurs encore deux enfants adoptifs.