On offre pour sûreté la vente des domaines. Mais a-t-on calculé d’avance le prix auquel cette vente pourra s’effectuer? Le terme du remboursement est fixé à 7 ans. Ainsi, Sire, on met les domaines à un encan forcé. Les acheteurs se garderont d’acheter de bonne heure; ils attendront l’approche du terme, cela s’entend de soi-même, et Votre parole engagée forcera la vente à tout prix, sans compter les fraudes qui ne manquent jamais en pareille occurrence.
Sire! Je ne suis pas financier, quoique j’aie étudié cette partie dans ma jeunesse. Cependant permettez-moi de Vous faire un mémoire sur les moyens d’améliorer les finances. Il est dans principes sûrs et simples, surtout pour la Russie (pays d’agriculteurs), indépendants de toutes les subtilités dont les Smiths et leurs commentateurs nous font regorger. Je voudrais Vous les offrir avec leur application immédiate à l’état actuel. Discutez-les ensuite avec les hommes de métier. J’y parlerai aussi de l’emprunt, mais (je Vous le promets) avec plus de ménagement qu’à présent et je parlerai dans ma seconde supposition, que l’emprunt ne se remplira pas, pour n’offrir que le côté le moins offensant de la chose.
Sire! Quand on Vous offrira des projets compliqués de finances, de ces projets surtout où l’on ne considère l’État que comme le bureau d’un banquier, ressouvenez Vous que Sully et Colbert n’avaient pas toutes ces finesses, que le premier a mis la France, ruinée par les guerres civiles, en peu d’années dans un état florissant et que le second a fourni les fonds pour les guerres éternelles de Louis XIV sans fouler la nation. Frédéric II, qui nous est plus proche, en a fait de même pour la Silésie et le Brandebourg. Il savait prendre, il est vrai, mais il rendait davantage en créant l’industrie.
Je souffre de la peine que Vous fera cette lettre. Mais devais-je me taire? – Non sûrement. Votre Parrot ne le peut, tant que Vous ne repousserez pas sa confiance.
151. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire,
Oubliez