"Ce serait du gaspillage total !" constata Hermione catégoriquement, déposant le manuel "Syllabisme du Jeteur de sorts" qu'elle venait juste de sortir de son sac. "La chance ne peut pas aller jusque là, Harry. La situation avec Slughorn était différente. tu as toujours eu la capacité de le persuader et tu as juste dû jouer un peu avec les circonstances. Cependant Felix Felicis n'est pas suffisant pour vaincre un sortilège puissant. Ne va pas gaspiller le reste de ce breuvage magique ! Tu auras besoin de toute la chance si tu peux obtenir d'aller avec Dumbledore… " finit-elle dans un chuchotement.
" Ne pourrions-nous pas en faire davantage ?" demanda Ron à Harry, en ignorant Hermione. "Ce serait bien d'en avoir un stock. ... Il n'y a qu'à aller voir dans le livre... "
Harry sortit son manuel de fabrication avancée de potions, et chercha Felix Felicis.
"Bon sang, c'est sacrément compliqué !" s'exclama-t-il, parcourant les yeux la liste des ingrédients. "Et ça prend six mois. Tu dois le laisser cuire..."
"Typique !" déclara Ron.
Harry était sur le point de ranger son livre quand il remarqua le coin d'une page cornée vers le bas. Ouvrant le livre à cette page, il vit le sort de Sectum-sempra, intitulé "pour des ennemis," qu'il avait découvert quelques semaines auparavant. Il ne savait toujours à quoi il servait, principalement parce qu'il ne voulait le tester à proximité d'Hermione, mais il envisageait de l'essayer sur McLaggen la prochaine fois qu'il s'en prendrait à des innocents.
La seule personne qui n'était pas particulièrement contente de revoir Katie Bell à l'école était Dean Thomas, parce qu'il ne serait plus requis pour remplir la fonction de poursuiveur. Il prit la chose assez stoïquement quand Harry le lui dit, simplement grognant et gesticulant, mais Harry avait le sentiment très net en s'éloignant que Dean et Seamus murmuraient en douce derrière son dos.
La quinzaine suivante fut une des meilleures, que Harry ait connu comme capitaine, en matière de pratique de Quidditch. Son équipe était aussi heureuse d'être débarrassé de McLaggen, que d'avoir enfin retrouvé Katie à son poste, alors, ils volaient extrêmement bien.
Ginny ne sembla pas du tout dérangée par sa rupture avec Dean. Au contraire, elle était la vie et l'âme de l'équipe. Ses imitations de Ron se déplaçant impatiemment de haut en bas devant les poteaux de but, en attendant que le Souafle soit envoyé vers lui, ou de Harry beuglant des ordres à McLaggen avant d'être froidement assommé, leur maintenait le moral au beau fixe. Harry, riant avec les autres, était heureux d'avoir une raison innocente de regarder Ginny. il avait reçu plusieurs blessures de cognard, pendant les entraînements, parce qu'il n'avait pas gardé ses yeux sur le vif d'or.
La bataille faisait toujours rage à l'intérieur de sa tête: Ginny ou Ron ?
Parfois il pensait que, après Lavande, Ron ne pouvait plus trop s'occuper des garçons qui sortaient avec Ginny, mais il se rappela alors, l'expression de Ron quand il l'avait vu embrasser Dean, et était sûr que Ron considérerait cela comme une trahison, si Harry mettait la main...
Pourtant Harry ne pouvait pas s'empêcher de parler à Ginny, de rire avec elle, de discuter de l'entraînement avec elle. Cependant plus sa conscience lui faisait mal, plus il se surprenait à se demander, comment se rapprocher encore plus d'elle. Ça aurait été idéal si Slughorn avait redonné ses petites parties, pour que Ron ne soit pas aux alentours… mais malheureusement, Slughorn ne semblait plus vouloir en organiser. Une fois ou deux, Harry envisagea de demander son aide à Hermione, mais il ne pensait pas qu'il pourrait supporter son regard suffisant. Il pensait avoir vu parfois ce regard quand Hermione le surprenait à regarder Ginny ou à rire bêtement de ses plaisanteries. Et pour compliquer ses affaires, il craignait en permanence que s'il ne le faisait pas, quelqu'un d'autre demande bientôt à sortir avec Ginny.
Lui et Ron étaient au moins d'accord sur le fait qu'elle était trop populaire pour son propre bien.
La tentation de prendre une autre gorgée de Felix Felicis devenait de plus en plus forte. C'était sûrement un des cas, comme l'avait Hermione signalé, où on pouvait "jouer avec les circonstances". Les beaux jours de mai glissèrent doucement, et Ron semblait être dans le dos de Harry chaque fois qu'il voyait Ginny. Harry désirait ardemment un coup de chance qui ferait réaliser à Ron, d'une façon ou d'une autre, que rien ne serait plus sympa pour lui-même, que de voir son meilleur ami et sa sœur tomber amoureux l'un de l'autre et de les laisser seuls ensemble plus que quelques secondes. Il ne semblait y avoir aucune chance non plus, que l'occasion surgisse au cours du dernier match de Quidditch de la saison. Ron voulait tout le temps parler de tactique avec Harry et n'avait pas la plus petite pensée pour toute autre chose.