Conservez cette réunion, non seulement dans Vos règlements, mais aussi dans l’exécution. Jusqu’à présent cette exécution a été en contradiction manifeste avec les principes. Le public se fie au règlement, à Votre loi; les auteurs écrivent, eux ou les libraires font les frais de l’impression sur la foi de la permission de la censure; une autre autorité, qui dans sa sphère n’a ni plus ni moins de pouvoir que l’Université dans la sienne, vient prohiber et saisir les ouvrages approuvés, anéantir la confiance du public en Votre Université et en Vous-même, frapper toute la littérature d’un coup qui sème la défiance, la crainte et le mépris du système que Vous avez établi, et prouver qu’il suffit d’avoir quelques moyens d’exécution et de l’audace pour agir directement contre Vos vues. L’Université a été attaquée et maltraitée depuis 4 ans pour son existence et pour l’établissement des écoles. Elle n’a jamais obtenu de satisfaction contre les coupables. Vous l’avez soutenue et cela lui a suffi pour réussir à la fin à force de persévérance. Mais le mauvais exemple d’impunité que le public a eu par là a enhardi à tout oser dans les affaires de censure. Naturellement quand on ne risque rien à toutes ces attaques que de forcer l’Université à se justifier éternellement, on ne les cesse pas et on a en outre l’espérance que l’Université enfin se lassera de tenir à Vos principes. Sans cette impunité, sans cette espérance, Pistohlkors eût-il osé Vous faire parvenir des articles controuvés de la gazette estonienne? (Car si on Vous en eût donné une traduction fidèle, Vous en eussiez eu une toute autre idée). La régence de Riga eût-elle osé annuler un décret de l’Université en prohibant et saisissant l’ouvrage sur les livoniens et les estoniens, et s’appuyer pour cela de Votre autorité dans un temps où Vous ne connaissiez pas encore cet ouvrage1
?Sire! Le bien public et la gloire de Votre règne exigent la fin de cette anarchie. Rétablissez la vraie liberté de la presse en tenant fermement à Votre règlement de censure. Rendez au public l’ouvrage en question, permettez la gazette estonienne à l’exception des articles politiques, et donnez un rescript formel qui défende à toute autre autorité que le Directoire de l’instruction publique de prohiber des ouvrages approuvés par la censure. Je Vous le demande par intérêt pour Vous-même, par ce sentiment profond pour Vous que rien ne pourra affaiblir et qui me donnerait la force de combattre Vos propres idées comme celles des autres si elles étaient en contradiction avec le bien public. Ce n’est point l’intérêt pour l’Université ni pour moi-même qui me fait parler. Qu’ai-je à craindre pour l’Université ou pour moi? Jusqu’ici nous avons agi selon Vos lois; je l’ai prouvé chaque fois. Tant que Vous serez juste pouvons-nous Vous craindre? Et si enfin lassé de cette lutte perpétuelle l’Université finit par tout prohiber elle deviendra la favorite du parti puissant qui à présent la persécute.
«Mais il faut user de ménagement». – Sire! que diriez-Vous de Benningsen si pour user de ménagements avec l’ennemi, il reculait et lui livrait deux ou trois de Vos provinces? Le traître Kameskoi a agi ainsi. – Croyez-Vous la comparaison fausse? Sentez que chaque acte de faiblesse de notre part est avantage pour l’ennemi et ranime son courage, et qu’il faut livrer plus de combats pour regagner le terrain perdu que pour le conserver. Et puis la coutume, ce tyran de la race humaine, ne se tournera-t-elle pas contre nous et surtout contre Vous? Dominez la coutume et Vous dominerez les hommes. – Mais les circonstances présentes. – Sire! Les hommes modifient les circonstances, et Vous êtes l’homme le plus fort de Votre Empire. Connaissez le levier puissant que la providence a mis en Vos mains, faites le agir. Est-ce la noblesse livonienne ou estonienne qui est à craindre? Elle, qui, menacée journellement par les paysans, n’a d’autre refuge que le trône et les régiments russes? Voyez l’état de la Prusse. La noblesse commandait ses armées. – Il existe, il est vrai, des ménagements. Mais ils sont tous réunis dans une seule chose, la justice. Quand on l’a exercée en temps de paix, on en retire les fruits dans les temps de crise, et la postérité juge la grandeur des rois sur leur persévérance dans les principes, sur leur vraie conséquence dans les mouvements difficiles (Pierre Ier
). Les événements, les résultats sont ses guides dans ce jugement sans appel, parce que l’histoire a appris à toutes les générations que les États ne tombent que par faiblesse, c’est à dire par l’inconséquence et la variabilité dans les principes du gouvernement.Votre ancien Parrot
Je Vous supplie de ne pas oublier pour Sonntag la terre de Colberg, dans la paroisse de Salisburg, cercle de Wolmar, sous arrende. On n’en a offert que 2025 Roubles à l’encan qui a eu lieu.
116. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire!