J’ai de nouvelles à Vous donner de la séance d’hier au Directoire. À mon arrivée on me boudait un peu; il me semblait qu’on attendait des choses très fortes de ma part! Lorsque j’eus commencé à lire mon mémoire, lorsqu’on vit que je parlais très simplement, que je ne discutais pas avec violence, que je produisais sans affectation les actes qui parlaient le plus fortement pour mon opinion, on est revenu des premières idées, la discussion a eu lieu, avec beaucoup de décence et sans la moindre aigreur; Klinger m’a soutenu vigourieusement et à sa prière on m’a même permis, cette discussion finie, de rester pour la discussion sur le gymnase de Mitau qui a été de même terminée, en accordant à Klinger toutes les demandes qu’il faisait dans des remarques par écrit sur le projet de la nouvelle constitution de ce gymnase. Quant aux écoles paroissiales on est convenu de procéder à leur exécution, sans objecter le défaut de réponse officielle de la part des 3 gouvernements qui ne l’ont pas encore donnée, avec la modification cependant qu’il serait dit dans le Doclad que les seigneurs ne doivent pas être
à établir les écoles paroissiales, mais qu’on Vous ferait rapport de ceux qui s’opposeraient. Sire! Je conviens qu’il ne faut pas employer la violence sans de fortes raisons; mais dire officiellement à ceux qui doivent exécuter une loi qu’on ne les forcera pas, c’est les inviter à ne pas s’y conformer, et comme dans chaque paroisse il y a plusieurs terres, un seul propriétaire se trouvera par là à même de s’opposer à la bonne volonté des autres, et tout sera gâté. On ne demande des gentilshommes que la bâtisse des maisons en commun avec les paysans de la paroisse, et les frais sont si petits! J’ai produit hier les ordonnances réitérées de Catherine II à cet égard qui sont foudroyantes, et malgré cela on revient toujours à l’idée d’abandonner l’exécution à la bonne volonté des seigneurs. Ce sont les paysans qui font les frais de l’entretien des écoles, par conséquent ce sont eux qui doivent déclarer pour chaque paroisse s’ils peuvent fournir ces frais ou non; c’est leur bonne volonté qui doit décider.La traduction du plan est finie; je vais la collationner avec Sivers pour être sûr que le traducteur a saisi partout le vrai sens, et ensuite je la ferai copier pour Vous la présenter. Grâces à la Providence et à Votre fermeté nous touchons au terme. Vous allez accorder un bienfait signalé à une nombreuse classe d’hommes dont le bonheur est confié à Votre cœur et qui n’a d’autres intérêts que les Vôtres, et quand j’aurai terminé ce travail je pourrai mourrir content, sûr de n’avoir pas vécu inutilement pour l’humanité et pour Vous. Ne craignez pas ma vivacité dans l’exécution. L’expérience et ma maladie ont modéré ce tempérament de feu que j’ai peut-être quelquefois trop fait éclater. D’ailleurs l’homme fort n’est jamais violent si d’ailleurs il est bon. Plus Vous me revêtirez de pouvoir, plus je serai doux, conciliatif, indulgent, mais sans faiblesse.
Permettez-moi de Vous dire un mot sur ce que Vous me dites an sujet des bulletins de l’armée. Vous aviez envie d’envoyer quelqu’un à l’armée pour y faire les bulletins pour le public. Ne permettez-Vous de Vous proposer quelqu’un, le conseiller d’État Beck, qui est aux affaires étrangères? Outre qu’il fera ces bulletins avec toute la sagacité possible, il Vous sera encore d’une grande utilité; il pourra de là épier facilement les intentions de la cour de Memel2
, qui ne me paraissent pas être de la plus grande noblesse, et tirer des informations indirectes sur celle de Vienne qui est plus qu’équivoque. Si en outre Vos armées passent l’Oder, qui plus que Beck pourra être utile à Benningsen? Car alors il faudra que le général ait égard dans ses démarches aux circonstances politiques et locales.Je prends la liberté de Vous appeler encore l’arrende pour Sonntag. Serait-il étonnant que Vos occupations Vous l’eussent fait encore oublier?
Bonjour, mon Bien-Aimé. Je suis content et heureux.
117. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire,