Puisse cette lettre arriver dans une heure fortuné! Puisse-t-elle empêcher le mal et décider le bien. – Je souffre infiniment, mais je sens aussi que je ne voudrais pas occuper le trône de Russie.
Pardonnez ma mauvaise écriture. J’écris en hâte, et pour ne pas perdre de temps je Vous envoie cette lettre par estafette.
133. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Je Vous félicite de tout mon cœur d’avoir décidément refusé à Novossilzoff son congé1
. Il s’est déclaré contre les écoles paroissiales, il ne peut se résoudre à abandonner son système anglais. Mais il est foncièrement honnête homme et attaché de cœur à Votre personne.Vous allez avoir la guerre avec la Suède. Vos troupes qui bordent la Baltique ont passé la plupart par Dorpat et ces troupes ont crié tout haut, soldats, bas-officiers et officiers, que depuis 7 à 8 mois elles n’ont pas reçu de paye. Des officiers ont mendié. Pour Vous en instruire officiellement, envoyez Novossilzoff à cette armée. Qu’il s’informe personnellement auprès du soldat et des officiers. Vous apprendrez des choses terribles. La commission des vivres continue ses horreurs. Nous en avons les preuves à notre hôpital.
Avez-Vous reçu une lettre concernant notre Sivers? Avez-Vous agi pour ce brave qui chaque instant de sa vie voudrait se sacrifier pour Vous? Sa situation est désolante.
Adieu, mon Alexandre! Je ne Vous presse plus pour rien. Je me borne à Vous avertir de ce qui se passe. Cela même ne Vous fatiguera-t-il pas?
Toujours Votre Parrot
134. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire!
Je suis forcé de présenter à V. M. I. le compte des frais qu’ont causés les préparatifs pour un des deux séminaires de Livonie à la terre de Weissensee. Ces frais se montent à 2052 Roubles 50 cop., et ont été faits sur ma parole donnée sur les assurances verbales de V. M. I. que les séminaires doivent s’établir au plus tard sur la fin de l’année passée. Le possesseur de la terre veut à présent être remboursé. J’ai accordé avec lui autant qu’il m’a été possible et nous sommes convenus qu’il se contenterait d’un remboursement de 1500 Roubles. Cette somme, toute modique qu’elle est pour V. M. I., ne l’est pas pour moi; je ne sais comment y faire face n’ayant de fortune que mes appointements. Je ne parle pas de chagrin profond que j’éprouve de voir naître le soupçon contre moi d’avoir abusé de la réputation de confiance dont V. M. I. m’honorait; le temps d’en parler n’est plus, et je borne en ce moment ma prière à ne pas être forcé de me charger d’une dette que je ne pourrais payer que dans bien des années et au détriment de ma famille.
Je prends la liberté d’envoyer à V. M. I. la quittance de 100 Roubles que j’ai déboursés par Votre ordre pour un prix annuel que Vous aviez daigné accorder au Professeur Grindel pour une question de chimie
J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect
D. V. M. I
le sujet le plus dévoué
Parrot.
135. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire!
J’ai pris la liberté d’envoyer en avril par le canal ordinaire à V. M. I. le compte des frais qu’ont causés les préparatifs pour le séminaire que devait s’établir en Livonie à la terre de Weissensee; ces frais se montent à la somme modique de 2052 R. 50 cop. que j’ai encore rabaissés à 1500 Roubles. J’avais supplié V. M. I. de me faire délivrer cette somme de même que les 100 Roubles que j’ai déboursés par Votre ordre pour le prix annuel de Chimie que Vous avez daigné accorder au Professeur Grindel dont j’ai pris la liberté de Vous envoyer la quittance.
Quelles que soient les intentions ultérieures de V. M. I. je ne puis croire que Vous vouliez, Sire, me laisser dans le double embarras de passer pour avoir abusé de la réputation de confiance dont V. M. I. a daigné si souvent m’honorer et de payer de mes modiques moyens ces deux sommes. Je dois supposer que V. M. I. a oublié cet objet naturellement si peu important pour Elle, et c’est ce qui m’enhardit à Vous le rappeler.